mdr, merci.
comme je le disais, il me faut du temps pour rédiger et vous raconter le meilleur ! B)
30 décembre 2008
Accoutumés aux réveils matinaux, nous sommes prêt au départ à 6h30.
Le briefing a lieu dans la même salle que la veille.
Rappels d'usage et consigne de prudence sont à l'ordre du jour, il paraît que le col de Tichka malgré son tracé technique est de toute beauté.
Nous faisons le plein d'essence et prenons la route via Marrakech pour nous rendre en fin d'après-midi à Foum-zguid aux portes du désert.
En centre ville un feu rouge mal négocié par Véronique la contraint à obtempérer à un policier pour franchissement de feu rouge !
Pour info : le feu orange d'habitude fixe en France est au Maroc clignotant juste avant de passer au rouge, d'ou méprise…
Un petit brin de causette de Véronique avec ce fonctionnaire fera passer l'amende de 400 à 200 Dirhams en espèces « in the pocket » sans même un reçu !
Nous reprenons la route pour à peine deux kilomètres plus loin, au km 27 du road-book (du moins nous le pensons) entendre soudainement un atroce claquement régulier provenir du moteur juste après qu'il ait failli caler sans prévenir.
Je prie Véronique de se garer un peu plus loin que ce feu rouge sur un terrain vague à quelques mètres.
J'ai peur que le moteur ait une avarie majeure après avoir déposé le cache culbuteur sans rien trouver d'anormal.
Nous prévenons l'organisation immédiatement et demandons le passage d'un mécanicien.
A peine 10 minutes après le commissaire de course nous rejoint mais ne décide rien dans l'attente du mécano.
Un peu frustrés de voir les reporters tourner avidement des images, nous gardons le sourire devant ce coup du sort.
Ce sera le début d'une attente d'1h30 pour que l'assistance mécanique nous trouve car sans le savoir nous avions déjà fait fausse route.
Pendant ce temps et fort de l'avis de deux mécaniciens d'un garage qui se trouvait par bonheur à 300 mètres, je commençais à organiser le rapatriement à ce garage de quartier pour j'en étais convaincu changer le moteur.
Les avis de ces Marocains se rapprochaient du mien : probable souci de bielle…
Nicolas et Cyndie (l'équipage 101) qui nous suivaient s'étaient arrêtés afin de nous prêter main forte et en prévision je commençais déjà avec Nicolas à déposer le capot et la plaque de protection moteur.
Arrivée et confirmation du mécano de l'organisation « moi je dirais, axe de piston… » bref, mêmes conclusions : nous ne ferons pas l'épreuve facultative aujourd'hui.
Je décide donc d'amener la 4L à ce garage pour l'opération.
Le démontage déjà commencé laissait la voiture en échappement libre mais roulante pour ce court trajet.
A partir de ce moment tout s'est enchaîné à un rythme que j'étais loin d'imaginer…
Les Marocains qui nous attendaient se précipitent et commencent déjà à vidanger le circuit de refroidissement à même le trottoir.
Un gars de cette équipe parle bien français et me dit qu'il faut en fait aller chercher le moteur que je croyais en stock dans leur garage (en fait c'est un réduit avec un tas de bouts de moteurs, des clés et quelques outils que l'on nomme « garage »)
Nicolas me prête sa voiture pour aller « chercher le moteur ».
Je réalise en fait que le gars m'emmène faire le tour des casse à 10 km de là.
Après un pittoresque tour de ville à travers le marché nous arrivons dans un quartier dédié aux casses : il y en a plein les rues, les épaves empilées sur le trottoir côtoient les tas de gravas en plein milieu de la chaussée ou les bas-côtés vastes zones de ferraillage !
Première casse, le gars trempe son doigt dans le bouchon du cache culbu, frotte l'huile et me dis « non, viens on s'en va ». çà commence mal.
Deuxième casse idem (les moteurs sont posés par terre sur au moins 100m2, difficile de savoir ce qu'ils valent).
La troisième casse sera la bonne sauf que la négociation ne fait baisser le prix que de 200 dirhams vers un prix de 3500 dirhams ( 310 euros) je suis coincé mais le moteur est plein de pièces propres et le gars me soutient qu'il est neuf (tu parles…)
Je fais séparer le moteur de sa boite qui ne m'intéresse pas, puis me rends compte que dans la précipitation je n'ai ni portefeuille, ni papiers de la voiture de Nicolas et encore moins les 3500 dirhams. Je négocie le paiement à la livraison après que mon « négociateur » m'ai trouvé un livreur qui attendait le client devant la casse avec son étrange assemblage d'un avant de moto avec une cabine à deux roues du genre vespa.
Moteur chargé et en route, à la marocaine ! (100 dirhams la course…)
Mon guide veut que je l'emmène à proximité du garage à un lieu de rendez-vous après que je serais allé chercher l'argent (il m'a fallu 3 essais pour cela aussi car après être tombé sur un distributeur indisponible j'ai dû me faire guider vers une autre banque) comme le temps passait, le moteur est déjà livré au garage et j'y reviens une fois encore payer mon dû.
Nicolas verra le livreur glisser quelques billets à mon « guide » : je comprends maintenant pourquoi le prix n'était que si peu négociable, et dire que je viens de lui donner 200 dirhams pour le remercier de sa disponibilité et l'avoir empêché de manger ce midi !
La dépose moteur à bien eu le temps de se faire et les deux blocs sont désormais ouverts pour faire le point.
Sur le bloc en panne, il a été trouvé deux paillettes, des morceaux de segment qui du coup étaient martelés entre le haut de piston et la culasse : c'était çà le clac-clac !, j'ai bien fait de changer le moteur.
La culasse du bloc à remonter est pleine de copeaux de cambouis, Nicolas et moi sommes angoissés.
Tant pis, les marocains ont confiance et nous n'avons plus le temps pour une autre option alors on fonce !
Du coup il me faut une pochette de rodage, de l'huile, du liquide de refroidissement.
Je reprends la voiture alors que mon guide voulait m'emmener sur une mobylette !?
Habitués aux détours imprévus, nous tombons au cÅ“ur d'une manifestation étudiante puis devons trouver deux boutiques de vente de pièces détachées car la première était fermée.
Normal, je cumule les embûches…
Je finis par réunir tous les ingrédients, le remontage peut se finir.
Véronique et Cyndie pendant tout ce temps visiteront le quartier et se feront même expliquer qu'un four à pain tout proche est utilisé pour la cuisson de plusieurs fournées des gens du quartier qui n'ont pas le matériel chez eux : un autre volet de ce qu'est la vie communautaire au Maroc.
La pression retombe, je me sais sorti de l'impasse et décide de souffler en retournant acheter un joint de culasse pour Nicolas qui du coup n'en a plus d'avance suite à l'épisode « téléthon ».
J'ai trouvé facilement la boutique en coupant à travers les ruelles mais ai été bien incapable de revenir sans me perdre dans les souks de Marrakech comme un vrai touriste…
Fatigué de marcher inutilement j'ai téléphoné à Nicolas pour qu'il vienne me chercher en voiture (assez loin, en fait).
Je reviendrais allongé dans le coffre de la voiture par manque de place…
Le remontage touche à sa fin peu avant 20h00 et le moteur démarre pratiquement au ¼ de tour, ouf !
Je fais un petit tour d'essai et entends tomber sur la route une pièce métallique, c'est une cale de crémaillère de direction que je ramasse et redonne ensuite furieux aux mécanos pour qu'ils finissent correctement le travail. Je mesure bien maintenant ce que représente le montage « à la Marocaine » (moi qui trouvais que Nicolas prenait goût à la mécanique sur les lieux public, je viens en une journée de remporter la palme de manouche land'…).
Dernier détail, une ultime négociation des tarifs de la main d'Å“uvre : 1000 dirhams au lieu des 500 annoncés par le mécano-guide : je l'ai en travers mais finit après avoir appelé le patron par revenir au tarif initial en ayant bien fait comprendre que la journée avait été tout de même bien enrichissante pour cette équipe faiblement professionnelle surtout après l'épisode de la cale de crémaillère.
Nous partons sans demander notre reste, la voiture roule bien et après une pause repas un peu plus loin, nous allons enfin pouvoir rallier la troupe du challenge.
Je remercie encore très chaleureusement Nicolas pour son aide de mécanicien superviseur ; Sans lui la voiture ne serait certainement pas déjà prête.
Du paysage grandiose annoncé nous ne verrons rien par contre je suis sûr que nous sommes les deux seuls équipages à avoir fait une moyenne de vitesse insolente dans ce secteur désert la nuit !
A part quelques camions poussifs doublés rapidement et des bus roulant à tombeau ouvert en sens inverse nous aurons la route à nous.
Col de Tichka, 23h59, il neige.
